Olivier Tarabo
a propos
de ses machines

"Les Jeux de Fers représentent l'aujourd'hui d'une recherche poursuivie depuis de nombreuses années autour du corps humain.
Avec un certain regard médical, c'est l'idée du corps qui va être traitée dans une liberté d'interprétation n'obéissant qu'à ses propres règles de jeu, définies au fur et à mesure, par une série de découvertes successives.
Une partie du corps sera étudiée, dessinée, analysée, pour en ressortir l'essence qui sera traduite par la précision d'une machine en mouvement.

Etant donné que nous sommes dans l'expérimental, l'imprévu devient souvent une matière de travail déterminante : Le passage à l'acte consitant à faire exister l'objet, il arrive souvent que, malgré le soin apporté à la précision des croquis, certaines liaisons se fassent mal avec le réel, enlevant à l'objet la possibilité d'Etre... La mécanique respecte une série de lois (gravitation, inertie, règles de mécanique générale etc.) et prend sa forme définitive par obéissance à la nature avec les modifications que cela suppose.

A la différence de la sculpture qui peut répondre au désir créatif pur, la machine va prendre son autonomie propre, laissant finalement le créateur extérieur à une partie de son évolution...
Ce travail de recherche est une étude directe et mécanique de la pulsion, par une retranscription des moments-clés de l'existence, par une étude approfondie du souvenir. Fouiller l'inconscient en fouillant le conscient. Le conscient: la mort d'un coté et la naissance de l'autre. L'inconscient: les pulsions.

La première forme de vie, spermatozoïdale, représentation la plus lointaine du corps humain, la plus ambigüe aussi: Le départ même de la vie est un combat, une lutte sans merci contre l'épuisement, débat inimaginable pour survivre. Lutte contre l'autre aussi: Etre le plus fort, le vainqueur du premier combat. A partir du moment où un corps n'est pas isolé, il lutte inévitablement pour dominer et la lutte durera jusqu'à ce qu'il y ait vainqueur et vaincu. Cette règle s'applique à tout ce qui est, ce combat se fait pour le droit à la vie, pour la qualité de celle-ci, puis contre la mort. Ce combat est impulsif, spontané, inné. Ce combat est juste, il est la vie même. C'est le combat du corps et celui de l'esprit, c'est celui de toute matière...
Ces réflexions ont donné lieu à un travail plastique constitué d'une série de pièces, installations ou objets, symbolisant une de ces luttes. Ces pièces ont été conçues suivant des mesures précises du corps humain afin de retranscrire le plus fidèlement possible tel ou tel acte, telle ou telle pulsion. Ces pièces sont réalisées avec un souci extrême d'exactitude, avec une volonté de "revivre" la pulsion au premier degré.

Scènes vécues et revécues jusqu'à ressusciter le souvenir... Mémoire morte, présente, consciente et collective.
Ces pièces, appelées Machines, sont destinées à être "jouées" ensemble et dans un même lieu. Créer un environnement complet afin d'isoler celui qui s'y trouve du monde extérieur. Emprisonner l'esprit pour le forcer à voir: mise en condition indispensable destinée à imposer la réflexion. Brusquer l'autre, le provoquer, le confronter à une autre réalité. C'est une agression contre l'esprit, certes, mais c'est l'unique moyen de susciter la réaction... "

(vignette de selection des machines en haut de page)