Planchesd'études

LES GRANDS CONES

POUSSÉ,FRAPPÉ,
POUSSER,FRAPPER,
EN VA ET VIENT, EN FACE A FACE.
LES GRANDS CÔNES RESONNENT
SOUS L'EFFET DES CORPS PROJETÉS...


Premiers essais publics, Rouen 1990.
Deux grands cônes d'acier sont dressés verticalement, face à face. Ils sont maintenus en équilibre, à une distance de 9 mètres l'un de l'autre, par une structure métallique. Un long câble d'acier est tendu d'un cône à l'autre, sorte de rail suspendu sur lequel coulisse un chariot.

Deux machinistes se tiennent de chaque coté du chariot. En le poussant ou en le tirant, chacun oblige l'autre à avancer ou à reculer sur cette distance de 9 mètres. Ils sont équipés de casques et de protections diverses leur protégeant la totalité du dos.


Etude de positionnement en poussée.


Origine de la recherche des formes: le cône et le corps.
L'action se déroule en deux temps:

- Placés à distance égale entre les cônes, les machinistes poussent violemment le chariot afin de rompre l'équilibre des forces qu'ils exercent et parvenir à pousser l'un d'entre eux dans le cône opposé. Le premier coup va ainsi être obtenu.

- Après avoir subi le choc, le machiniste peut prendre un avantage sur son “pousseur” en s'appuyant avec les jambes sur le fond du cône. L'autre ploie sous la force et se retrouve à son tour projeté vers le deuxième cône.

Le deuxième coup est alors obtenu. A son tour le machiniste va reprendre l'avantage de poussée et relancer le mouvement. L'action se déroule ainsi jusqu'à l'épuisement.


Premières mécanisations des formes.
Le but de cette installation est de démontrer que même dans l'équilibre et la symétrie, des forces égales exercées l'une contre l'autre ne s'annulent pas forcément. En effet, les machinistes devraient à priori rester bloqués au centre de l'installation sans jamais pouvoir faire le moindre pas. C'est ce qui se produirait en effet si les forces exercées relevaient de la mécanique pure: poids, vérins, ou autres forces opposées et égales.

Plan final de la structure de maintien des cônes.
L'élément perturbateur qui permettra de rompre l'équilibre est l'intelligence: simuler un moment de faiblesse, puis pousser sur un changement de pied etc...
Il s'agit d'une lutte physique et psychologique qui ne servira en fin de compte qu'à avoir le privilège de frapper le premier. Ceci peut paraître aberrant étant donné que par la suite chacun ne peut que frapper à son tour. Mais il s'avère que systématiquement et quel que soit les personnes qui ont testé la machine, le premier coup est décisif pour un avantage psychologique. Celui qui à frappé le premier ressent, quel que soit l'issue des événements, le sentiment d'être vainqueur et de même, l'autre se trouve en situation d'échec face à son adversaire.

D'un point de vue logique, cela est absolument absurde: les mêmes conditions sont offertes au départ, le même nombre de coups s'en suivra par la suite...
Si l'on transpose cet exemple à des événement plus généraux, cela se traduirait de façon suivante: la lutte sera engagée, même dans l'autodestruction des deux parties et, réduits à néant, il y a encore un sentiment de victoire et de défaite.

De l'extérieur les choses sont perçues de façon très différentes: deux hommes de profil, se poussant mutuellement pendant un certain temps, puis une série de coups, un à gauche, un à droite, de même force, de même violence... Un véritable match nul, perçu comme fatalement nul et sans aucune autre issue.
Il serait intéressant de comprendre pourquoi ce sentiment de victoire et de défaite restera indissociable de toute lutte, même dans des cas d'autodestruction aussi bien programmés que celui-ci.


Etude des proportions.