D-SIDE No11 / propos recueillis par Sabine Moreau.

1- Votre dernier album, Noctes Insomnes, est sorti ...
2- Vous disiez de Noctes Insomnes que ...
3- In Tenebris semble être encore plus sombre...
5- Quel est le line up actuel...
5- Votre musique a jusqu’à présent été...
6- Y aura-t-il des nouveaux instruments...
7- Une de vos spécificités réside...

1- Votre dernier album, Noctes Insomnes, est sorti il y a trois ans et demi. Pourquoi un si long silence ?

C’est vrai que trois ans et demi c’est très long…mais il faut comprendre que nous ne travaillons pas que la musique, il y a beaucoup d’autres domaines de Rosa-Crvx qui demandent un gros travail…Nous avons un atelier de construction de 300m² dans lequel il y a toujours quelque chose sur le feu… les dernières pièces qui en sont sorties sont les 8 cloches d’un carillon qui nous accompagne désormais sur scène… et les décors de notre dernier film aussi, juste avant…

Ceci dit, attention aux pièges : Un nouvel album ne devrait sortir que quand un groupe a quelque chose de vraiment important a dire. Je ne supporte plus ces groupes qui sortent un disque par an! Ils feraient mieux d’économiser leur énergie en sortant deux fois moins de CDs et en les rendant un peu plus intéressants. Sur leur discographie, on dirait qu’ils jouent à éviter les trous devant les dates !

Ca, c’est la définition du bavardage : parler pour parler et ne rien dire…Il faut évoluer, se renouveler, oui ! mais pas faire du nouveau a n’importe quel prix. Et comme Nouveau n’a jamais voulu dire Mieux, quand on n’a rien de Mieux à dire on se Tait ! Si ce n’est pas mieux, c’est bon pour la Poubelle pas pour un CD ...
La Qualité, pas la Quantité ! (a bon entendeurs…

2- Vous disiez de Noctes Insomnes que son accouchement s’était fait dans la douleur, au cœur d’une multitude de nuits sans sommeil. Qu’en a-t-il été de la gestation de In Tenebris ?

Ca a été un peu comme l’heure d’un bilan, le moment ou l’on rassemble toutes les parties d’un travail pour le présenter dans sa globalité.
Il y a eu ce film, né de l’éclipse de 1999, qui a demandé des moyens extraordinaires, en tout cas des moyens que nous n’avions pas et qu’il a fallu se donner. C’est à force de travail et de patience … Vingt-deux personnes devant la caméra ça veut dire autant derrière…et puis les costumes, les chevaux, les lumières ! Dans ce décor naturel des Grottes de Caumont rien n’était facile à gérer.
Coté musique ça c’est passé par salves. Des périodes intenses de composition et des arrêts plus ou moins longs pour poursuivre le film. Il a fallu avoir beaucoup de suite dans les idées. Dans l’ensemble je dirais que c’était très intense et très épanouissant pour le groupe qui a suivi en parallèle son chemin de maturité.

3- In Tenebris semble être encore plus sombre que Proficere et Noctes Insomnes (d’où son titre ?) mais aussi plus dur musicalement. Etes-vous d’accord avec cette analyse ?

Oui, "dans les Ténèbres"… c’est bien le thème de ce disque.
Un peu plus loin dans la recherche … je croyais que c’était la nuit qui apportait la solution, mais "Noctes Insomnes" ne pouvait pas durer plus qu’une nuit sans sommeil. Les ténèbres étaient ailleurs et c’est l’éclipse qui m’a ouvert les yeux. La nuit au milieu du jour ! Les ténèbres pouvaient apparaître n’importe quand ! Il fallait aller voir. Le film "Omnes Qvi Descendvnt" ( littéralement "Ceux Qui Descendent") qui accompagne cet album raconte cette expédition.

Presque tous les thèmes musicaux sont des rythmes de marche.
C’est une horde qui se déplace : ils ont levé le camp, ils sont partis pour cette Grande Quête un peu comme on part en guerre. L’album s’ouvre sur " Svrsvm Corda" ("Haut les Cœurs") avec cette voix qui hurle le rassemblement des troupes. "Qvo Dolore Volvitvr !" répondent-ils en chœur "Quelle abîme de douleur !"…En effet, le chemin sera long. Plus le temps passe plus ils s’enfoncent vers le fond de l’abîme…

"In Tenebris, Ab Incursu, Et Daeminio Meridiano"
"Dans les ténèbres, les attaques du Démon de Midi"
Très vite on franchit le point de non retour… Il faut que ce chemin soit le bon !
"Lvx In Tenebris Lvcet" "La lumière luira dans les Ténèbres"

4- Quel est le line up actuel de Rosa Crux ?

Toujours le même noyau, à savoir Claude Feeny et Olivier Tarabo, autour de qui viennent se greffer d’autres musiciens, performers, machinistes, techniciens etc… C’est un peu au hasard des rencontres que l’équipe évolue. L’année dernière nous avons été une vingtaine à nous impliquer dans le projet du tournage du film "Omnes Qvi Descendvnt".
Nous avons rencontré, lors du dernier concert à Cognac, Clément Marchal qui nous a fait de magnifiques lumières et qui nous accompagnera sur d’autres scènes. A la Danse de la Terre, une nouvelle équipe plus au point que jamais : Nicolas Lelandais et Eléonore Joyet.

5- Votre musique a jusqu’à présent été indissociable de vos performances scéniques. Pouvez-vous nous parler de la façon dont vos nouveaux morceaux seront traduits visuellement ?

Dans ce cas précis c’est par la projection du film.
Nous avons a cette occasion complètement revu et corrigé la diffusion des images sur scène. Fini les bandes vidéos qui se baladent en régie et qu’il faut caler sur les premières notes avec dans 99% des cas un décalage de plusieurs secondes avec la musique jouée sur scène.
La solution était informatique. La synchro est maintenant parfaite et cela nous a ouvert de nouveaux horizons : on peut faire voyager le public par des changements de décors, mettre le feu à la scène ou s’éclairer avec des centaines de bougies par des enchaînements d’images. (le feu étant bien sur interdit en salle)

6- Y aura-t-il des nouveaux instruments sur scène ? De nouveaux films ?

Sur scène, Claude est désormais assise devant un grand piano a queue. Celui-ci est relié a un sampler ce qui veut dire que les sons peuvent être choisis avec autant de liberté qu’avec un clavier électronique, mais au moins on se débarrasse d’un vieux problème d’anachronisme car les sons de prédilection de Claude sont antiques, on pourrait presque dire baroques : Grandes Orgues, grands pianos, nappes graves d’orchestre, etc…sortant d’un synthé ca faisait un peu "cheap"…

Il y a aussi dans beaucoup de nos compositions des sons de carillons. Cela faisait partie de nos fantasmes… un carillon sur scène ! ! ! c’était impossible ! et finalement, on a trouvé une formule magique…

Le carillon est installé dans un échafaudage de 2,80m x 2m et composé actuellement de huit cloches, de 27 a 66 cm de diamètre, il est joué par un clavier actionnant directement les battants suivant le principe traditionnel des carillons d'églises.

Les cloches ont été fondues en respectant point par point les étapes traditionnelles de fabrication. On a quand même remplacé le bronze par une autre matière pour ne pas se trimbaler neuf tonnes dans le camion.

Et comme toutes les cloches qui se respectent, elles se devaient d'être baptisées, alors les noms suivants ont étés gravés sur la panse : ASTAROTH, BEHEMOTH, BYLETH, CLISTHERET, FURFUR, HABORYM, SAMAEL, SUCCORENOTH, suivi de l’annonce suivante " TONITRVI FILII SVNT APPELATI" qui traduit nous donne "On les appellent fils du tonnerre" .
Elles sont signées et datées sur le cerveau : "Rosa+Crvx me fundebat, anno MMI"

7- Une de vos spécificités réside dans l’emploi de la batterie acoustique midi. Est-il vrai que vous l’avez encore améliorée pour cet album ?

On l’a en quelque sorte relookée… Elle ressemble encore un peu moins à une batterie conventionnelle et de plus en plus à une formation de fanfare. On a mis les Toms à la poubelle pour les remplacer par des Timbales d’orchestre et les tambours de cuivre sont passés de deux à quatre effectifs. Et surtout, le son global qui en résulte est beaucoup plus grandiose !

8- Vous avez dit de votre dernier concert qu’il était le meilleur que vous ayez jamais fait. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

C’était une grande première à tous les niveaux : Le carillon d’abord dont c’était le premier concert, le piano à queue, le nouveau système de diffusion à synchro d’images, la nouvelle équipe à la Danse de la Terre, des nouveaux films, des titres du prochain album testés en public, les timbales et les tambours faisaient aussi leur première sortie… Et aussi toute l’équipe de la salle du West Rock de Cognac qui était vraiment avec nous ! On s’y est tous mis ensemble pour que ce soit du beau spectacle et c’était sans bavure. Un beau travail d’équipe que le public a apprécié. Ca, c’était de l’organisation !